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| Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales | |
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ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 2 Mar - 23:09 | |
| Rappel du premier message :LIVRE PREMIER CONTENANT UNE PRÉPARATION A TOUT LE TRAITÉ
CHAPITRE PREMIER
Que pour la beauté de la nature humaine, Dieu a donné le gouvernement de toutes les facultés de l'âme à la volonté.L'union établie en la distinction fait l'ordre; l'ordre produit la convenance et la proportion; et la convenance, ès choses entières et accomplies, fait la beauté. Une armée est belle quand elle est composée de toutes ses parties tellement rangées en leur ordre, que leur distinction est réduite au rapport quelles doivent avoir ensemble pour ne faire qu'une seule armée. Afin qu'une musique soit belle, il ne faut pas seulement que les voix soient nettes, claires et bien distinguées ; mais qu'elles soient a!liées en telle sorte les unes aux autres, qu'il s'en fasse une juste consonance et harmonie, par le moyen de l'union qui est en la distinction, et la distinction qui est en lunion des voix, que non sans cause on appelle un accord discordant, ou plutôt une discorde accordante. Or, comme dit excellemment l'angélique saint Thomas, après le grand saint Denis, la beauté et la bonté, bien qu'elles aient quelque convenance, ne sont pas néanmoins une même chose: car le bien est ce qui plait à l'appétit et volonté; le beau, ce qui plaît à l'entendement et à la connaissance; ou pour le dire autrement, le bon est ce dont la jouissance nous délecte; le beau, ce dont la connaissance nous agrée. Et c'est pourquoi jamais, à proprement parler, nous n'attribuons la beauté corporelle, sinon aux objets des deux sens qui sont les plus connaissants et qui servent le plus à l'entendement, qui sont la vue et l'ouïe; si que nous ne disons pas: Voilà des belles odeurs ou des belles saveurs, mais nous disons bien: Voilà des belles voix et des belles couleurs. Le beau donc étant appelé beau, parce que sa connaissance délecte, il faut que, outre l'union et distinction d'intégrité, l'ordre et la convenance de ses parties, il ait beaucoup de splendeur et clarté, afin qu'il soit connaissable et visible ; les voix, pour être belles, doivent être claires et nettes, les discours intelligibles, les couleurs éclatantes et resplendissantes. L'obscurité, l'ombre, les ténèbres sont laides, et enlaidissent toutes choses; parce qu'en elles rien n'est connaissable, ni l'ordre, ni la distinction, ni l'union, ni la convenance: qui a fait dire à saint Denis « que Dieu, comme souveraine beauté, est auteur de la belle convenance, du beau lustre et de la bonne grâce, qui est en toutes choses, » faisant éclater, en forme de lumière, les distributions et départements de son rayon, par lesquels toutes choses sont rendues belles, voulant que pour établir la beauté, il y eût la convenance, la clarté, et la bonne grâce. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 9 Nov - 0:11 | |
| CHAPITRE V Que la sainte indifférence s'étend à toutes choses.Job, quant à la vie naturelle, fut ulcéré d'une plaie la plus horrible qu'on eût vue. Quant à la vie civile, il fut moqué, bafoué, vilipendé, et par ses plus proches; en la vie spirituelle, il fut accablé de langueurs, pressures (oppressions), convulsions, angoisses, ténèbres et de toutes sortes d'intolérables douleurs intérieures, ainsi que ses plaintes et lamentations font foi. Le grand Apôtre nous annonce une générale indifférence, pour nous montrer vrais serviteurs de Dieu, en fort grande patience ès tribulations, ès nécessités, ès angoisses, ès blessures, ès prisons, ès séditions, ès travaux, ès veilles, ès jeûnes; en chasteté, en science, en longanimité et suavité au Saint-Esprit, en charité non feinte, en parole de vérité, en la vertu de Dieu; par les armes de justice é droite et il gauche, par la gloire et par l'abjection, par l'infamie et bonne renommée; comme séducteurs, et néanmoins véritables (disant la vérité), comme inconnus, et toute fois reconnus ; comme mourants, et toutefois vivants; comme châtiés, et toutefois non tués; comme tristes, et toutefois toujours joyeux; comme pauvres, et toutefois enrichissant plusieurs; comme n'ayant rien, et toutefois possédant toutes choses. Voyez, je vous prie, Théotime comme la vie des apôtres était affligée: selon le corps, par les blessures ; selon le coeur, par les angoisses; selon le monde, par l'infamie et les prisons; et parmi tout cela, ô Dieu, quelle indifférence ! leur tristesse est joyeuse, leur pauvreté est riche, leurs morts sont vitales et leurs déshonneurs honorables: c'est-à-dire, ils sont joyeux d'être tristes, contents d'être pauvres, revigorés de vivre entre les périls de la mort, et glorieux d'être avilis, parce que telle était la volonté de Dieu. Et parce qu'elle était pins reconnue ès souffrances qu'ès actions des autres vertus, il met l'exercice de la patience le premier, disant: Paraissons en toutes choses comme serviteurs de Dieu, en beaucoup de patience, ès tribulations, ès nécessités, ès angoisses, et puis enfin, en chasteté, en prudence, en longanimité. Ainsi notre divin Sauveur fut affligé incomparablement en sa vie civile, condamné comme criminel de lèse-majesté divine et humaine, battu, fouetté, bafoué et tourmenté avec une ignominie extraordinaire ; en sa vie naturelle, mourant entre les plus cruels et sensibles tourments que l'on puisse imaginer; en sa vie spirituelle, souffrant des tristesses, craintes, épouvantements, angoisses, délaissements et oppressions intérieures qui n'en eurent ni n'en auront jamais de pareilles. Car encore que la suprême portion de son âme fût souverainement jouissante de la gloire éternelle, si est-ce que l'amour empêchait cette gloire de répandre ses délices ni ès sentiments, ni en l'imagination, ni en la raison inférieure, laissant ainsi tout le coeur exposé à la merci de la tristesse et angoisse. Ézéchiel vit le simulacre d'une main qui le saisit par un seul flocquet (petite touffe) de cheveux de sa tête, l'élevant entre le ciel et la terre. Notre Seigneur aussi élevé en la croix entre la terre et le ciel, n'était, ce semble, tenu de la main de son Père que par l'extrême pointe de l'esprit, et, par manière de dire, par un seul cheveu de sa tête, qui touché de la douce main du Père éternel, recevait une souveraine affluence de félicité, tout le reste demeurant abîmé dans la tristesse et ennui. Cest pourquoi il s'écrie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu délaissé ? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 9 Nov - 22:52 | |
| CHAPITRE V Que la sainte indifférence s'étend à toutes choses.On dit que le poisson qu'on appelle lanterne de mer, au plus fort des tempêtes tient sa langue hors des ondes, laquelle est si fort luisante, rayonnante et claire, qu'elle sert de phare et flambeau aux nochers. Ainsi emmi la mer des passions dont notre Seigneur fut accablé, toutes les facultés de son âme demeurèrent comme englouties et ensevelies dans la tourmente de tant de peines, hormis la pointe de l'esprit, qui, exempte de tout travail, était toute claire et resplendissante de gloire et félicité. O que bienheureux est l'amour qui règne dans la cime de l'esprit des fidèles, tandis qu'ils sont entre les vagues et les flots des tribulations intérieures! CHAPITRE VI De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.On ne connaît presque point le bon plaisir divin que par les événements; et tandis qu'il nous est inconnu, il nous faut attacher le plus fort qu'il nous est possible à la volonté de Dieu qui nous est manifestée ou signifiée. Mais soudain que le bon plaisir de sa divine majesté comparait, il faut aussitôt se ranger amoureusement à son obéissance. Ma mère ou moi-même (car cest tout un) (mère du saint auteur, mourut en 1609) sommes au lit malades; que sais-je si Dieu veut que la mort sensuive ? Certes, je n'en sais rien; mais je sais bien pourtant qu'en attendant l'événement que son bon plaisir a ordonné, il veut, par sa volonté déclarée, que j'emploie les remèdes convenables à la guérison. Je le ferai donc fidèlement, sans rien oublier de ce que bonnement je pourrai contribuer à cette intention. Mais si c'est le bon plaisir divin que le mal, victorieux des remèdes, apporte enfin la mort, soudain que j'en serai certifié par l'événement, j'acquiescerai amoureusement en la pointe de mon esprit, nonobstant toute la répugnance des puissances inférieures de mon âme. Oui, Seigneur, je le veux bien, ce dirai-je, parce que tel a été votre bon plaisir ; il vous a ainsi plu, et il me plaît ainsi à moi qui suis très humble serviteur de votre volonté. Mais si le bon plaisir divin m'était déclaré avant l'événement d'icelui, comme au grand saint Pierre la façon de sa mort, au grand saint Paul ses liens et prisons, à Jérémie. la destruction de sa chère Jérusalem, à David la mort de son fils; alors il faudrait unir à l'instant notre volonté à celle de Dieu, à l'exemple du grand Abraham, et comme lui, s'il nous était commandé, entreprendre l'exécution du décret éternel en la mort même de nos enfants. Admirable union de la volonté de ce patriarche avec celle de Dieu ! qui croyant que ce fût le bon plaisir divin qu'il sacrifiât son enfant, le voulut et entreprit si fortement: admirable celle de la volonté de l'enfant qui se soumit si doucement au glaive paternel, pour faire vivre le bon plaisir de son Dieu au prix de sa propre mort. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 10 Nov - 22:28 | |
| CHAPITRE VI De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.Mais notez, Théotime, un trait de la parfaite union d'un coeur indifférent avec le bon plaisir divin. Voyez Abraham l'épée au poing, le bras relevé, prêt à donner le coup de mort à son cher unique enfant. Il fait cela pour plaire à la volonté divine, et voyez à même temps un ange qui, de la part de cette même volonté, l'arrête tout court, et soudain il retient son coup, également prêt à sacrifier son fils et à ne le sacrifier pas, la vie et la mort d'icelui lui étant indifférentes en la présence de Dieu. Quand Dieu lui ordonne de sacrifier cet enfant, il ne sattriste point; quand il l'en dispense, il ne s'en réjouit point. Tout est pareil à ce grand coeur, pourvu que la volonté de son Dieu soit servie. Oui, Théotime; car Dieu bien souvent, pour nous exercer en cette sainte indifférence, nous inspire des desseins fort relevés, desquels pourtant il ne veut pas le succès; et lors, comme il nous faut hardiment, courageusement et constamment commencer et suivre l'ouvrage tandis qu'il se peut, aussi faut-il acquiescer doucement et tranquillement à l'événement de l'entreprise, tel qu'il plaît à Dieu nous le donner. Saint Louis, par inspiration, passe la mer pour conquérir la terre sainte: le succès fut contraire, et il acquiesce doucement. J'estime plus la tranquillité de cet acquiescement que la magnanimité du dessein. Saint François va en Égypte pour y convertir les infidèles, ou mourir martyr entre les infidèles, telle fut la volonté de Dieu; il revient néanmoins sans avoir fait ni l'un ni lautre, et telle fut aussi la volonté de Dieu. Ce fut également la volonté de Dieu que saint Antoine de Padoue désirât le martyre, et qu'il ne l'obtînt pas. Le bienheureux Ignace de Loyola ayant, avec tant de travaux, nuis sur pied la compagnie de Jésus, de laquelle il voyait tant de beaux fruits, et en prévoyait encore de plus beaux à l'avenir, eut néanmoins le courage de se promettre que, s'il la voyait dissiper, qui serait le plus âpre déplaisir, dans demi-heure après il en serait résolu (Il en aurait pris son parti) et s'accoiserait en la volonté de Dieu. Ce docte et saint prédicateur d'Andalousie, Jean Avila, ayant dessein de dresser une compagnie de prêtres réformés pour le service de la gloire de Dieu, en quoi il avait déjà fait un grand progrès, lorsqu'il vit celle des jésuites en campagne, qui lui sembla suffire pour cette saison-là, il arrêta court son dessein avec une douceur et une humilité nonpareille. O que bienheureuses sont telles âmes, hardies et fortes aux entreprises que Dieu leur inspire, souples et douces à les quitter, quand Dieu eu dispose ainsi! Ce sont des traits d'une indifférence très parfaite, de cesser de faire un bien quand il plait à Dieu, et de s'en retourner de moitié chemin, quand la volonté de Dieu, qui est notre guide, l'ordonne. Certes, Jouas eut grand tort de s'attrister de quoi, à son avis, Dieu n'accomplissait pas sa prophétie sur Ninive. Jonas fit la volonté de Dieu, annonçant la subversion de Ninive; mais il mêla son intérêt et sa volonté propre avec celle de Dieu: c'est pourquoi, quand il voit que Dieu n'exécute pas sa prédiction selon la rigueur des paroles dont il avait usé en l'annonçant, il s'en fâche et murmure indignement. Que s'il eût eu pour seul motif de ses actions le bon plaisir de la divine volonté, il eût été aussi content de le voir accompli en la rémission de la peine que Ninive avait méritée, comme de le voir satisfait en la punition de la coulpe que Ninive avait commise. Nous voulons que ce que nous entreprenons et manions réussisse; mais il n'est pas raisonnable que Dieu fasse toutes choses à notre gré. S'il veut que Ninive soit menacée, et que néanmoins elle ne soit pas renversée, puisque la menace suffit à la corriger, pourquoi Jonas s'en plaint-il? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 11 Nov - 23:14 | |
| CHAPITRE VI De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.Mais notez, Théotime, un trait de la parfaite union d'un coeur indifférent avec le bon plaisir divin. Voyez Abraham l'épée au poing, le bras relevé, prêt à donner le coup de mort à son cher unique enfant. Il fait cela pour plaire à la volonté divine, et voyez à même temps un ange qui, de la part de cette même volonté, l'arrête tout court, et soudain il retient son coup, également prêt à sacrifier son fils et à ne le sacrifier pas, la vie et la mort d'icelui lui étant indifférentes en la présence de Dieu. Quand Dieu lui ordonne de sacrifier cet enfant, il ne sattriste point; quand il l'en dispense, il ne s'en réjouit point. Tout est pareil à ce grand coeur, pourvu que la volonté de son Dieu soit servie. Oui, Théotime; car Dieu bien souvent, pour nous exercer en cette sainte indifférence, nous inspire des desseins fort relevés, desquels pourtant il ne veut pas le succès; et lors, comme il nous faut hardiment, courageusement et constamment commencer et suivre l'ouvrage tandis qu'il se peut, aussi faut-il acquiescer doucement et tranquillement à l'événement de l'entreprise, tel qu'il plaît à Dieu nous le donner. Saint Louis, par inspiration, passe la mer pour conquérir la terre sainte: le succès fut contraire, et il acquiesce doucement. J'estime plus la tranquillité de cet acquiescement que la magnanimité du dessein. Saint François va en Égypte pour y convertir les infidèles, ou mourir martyr entre les infidèles, telle fut la volonté de Dieu; il revient néanmoins sans avoir fait ni l'un ni lautre, et telle fut aussi la volonté de Dieu. Ce fut également la volonté de Dieu que saint Antoine de Padoue désirât le martyre, et qu'il ne l'obtînt pas. Le bienheureux Ignace de Loyola ayant, avec tant de travaux, nuis sur pied la compagnie de Jésus, de laquelle il voyait tant de beaux fruits, et en prévoyait encore de plus beaux à l'avenir, eut néanmoins le courage de se promettre que, s'il la voyait dissiper, qui serait le plus âpre déplaisir, dans demi-heure après il en serait résolu (Il en aurait pris son parti) et s'accoiserait en la volonté de Dieu. Ce docte et saint prédicateur d'Andalousie, Jean Avila, ayant dessein de dresser une compagnie de prêtres réformés pour le service de la gloire de Dieu, en quoi il avait déjà fait un grand progrès, lorsqu'il vit celle des jésuites en campagne, qui lui sembla suffire pour cette saison-là, il arrêta court son dessein avec une douceur et une humilité nonpareille. O que bienheureuses sont telles âmes, hardies et fortes aux entreprises que Dieu leur inspire, souples et douces à les quitter, quand Dieu eu dispose ainsi! Ce sont des traits d'une indifférence très parfaite, de cesser de faire un bien quand il plait à Dieu, et de s'en retourner de moitié chemin, quand la volonté de Dieu, qui est notre guide, l'ordonne. Certes, Jouas eut grand tort de s'attrister de quoi, à son avis, Dieu n'accomplissait pas sa prophétie sur Ninive. Jonas fit la volonté de Dieu, annonçant la subversion de Ninive; mais il mêla son intérêt et sa volonté propre avec celle de Dieu: c'est pourquoi, quand il voit que Dieu n'exécute pas sa prédiction selon la rigueur des paroles dont il avait usé en l'annonçant, il s'en fâche et murmure indignement. Que s'il eût eu pour seul motif de ses actions le bon plaisir de la divine volonté, il eût été aussi content de le voir accompli en la rémission de la peine que Ninive avait méritée, comme de le voir satisfait en la punition de la coulpe que Ninive avait commise. Nous voulons que ce que nous entreprenons et manions réussisse; mais il n'est pas raisonnable que Dieu fasse toutes choses à notre gré. S'il veut que Ninive soit menacée, et que néanmoins elle ne soit pas renversée, puisque la menace suffit à la corriger, pourquoi Jonas s'en plaint-il? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 13 Nov - 8:02 | |
| CHAPITRE VII De l'indifférence que nous devons pratiqueren ce qui regarde notre avancement ès vertus.Dieu nous a ordonné de faire tout ce que nous pourrons pour acquérir les saintes vertus : n'oublions donc rien pour bien réussir dans cette sainte entreprise. Mais après que nous aurons planté et arrosé, sachons que c'est à Dieu de donner l'accroissement aux arbres de nos bonnes inclinations et habitudes. C'est pourquoi il faut attendre le fruit de nos désirs et travaux de sa divine providence. Que si nous ne sentons pas le progrès et avancement de nos esprit en la vis dévote, tel que nous voudrions, ne nous troublons point, demeurons en paix, que toujours la tranquillité règne dans nos coeurs. C'est à nous de bien cultiver nos âmes, et partant il y faut fidèlement vaquer. Mais quant à l'abondance de la prise et de la moisson, laissons-en le soin à notre Seigneur. Le laboureur ne sera jamais tancé s'il n'a pas belle cueillette, mais oui bien s'il na pas bien labouré et ensemencé ses terres. Ne nous inquiétons point pour nous voir toujours novices en l'exercice des vertus; car au monastère de fa vie dévote chacun s'estime toujours novice, et toute la vie y est destinée à la probation, n'ayant point de plus évidente marque d'être non seulement novice, mais digne d'expulsion et réprobation, que de penser et se tenir pour profès; car selon la règle de cet ordre-là, non la solennité, mais l'accomplissement des voeux rend les novices profès. Or; les voeux ne sent jamais accomplis, tandis qu'il y a quelque chose à faire pour l'observance d'iceux; et l'obligation de servir Dieu et faire progrès en son amour, dure toujours jusqu'à la mort Voire mais (pourtant), me dira quelqu'un, si je connais que c'est par ma faute que mon avancement ès vertus est retardé, comme pourrai-je m'empêcher de m'en attrister et inquiéter? J'ai dit ceci en l'Introduction à la vie dévote; mais je le redis volontiers, parce qu'il ne peut jamais être assez dit. Il se faut attrister pour les fautes commises, d'une repentance forte, rassise, constante, tranquille, mais non turbulente, non inquiète, non découragée. Connaissez-vous que votre retardement au chemin des vertus est provenu de votre coulpe (faute formelle), or sus, humiliez-vous devant Dieu, implorez sa Miséricorde, prosternez-vous devant la face de sa bouté, et demandez-lui-en pardon, confessez votre faute, et criez-lui merci à l'oreille même de votre confesseur, pour recevoir l'absolution; mais cela fait, demeurez en paix, et ayant détesté l'offense, embrassez amoureusement l'abjection qui est en vous pour le retardement de votre avancement au bien. Hélas! mon Théotime, les âmes qui sont en purgatoire, y sont sans doute pour leurs péchés, quelles ont détestés et détestent souverainement: mais quant à l'abjection et peine qui leur en reste d'être arrêtées en ce lieu-là, et privées pour un temps de la jouissance de l'amour bienheureux du paradis, elles la souffrent amoureusement, et prononcent dévotement le cantique de la justice divine : Vous êtes juste, Seigneur, et votre jugement équitable. Attendons donc en patience notre avancement; et en lieu de nous inquiéter d'en avoir si peu fait par le passé, procurons avec diligence d'en faire plus à lavenir. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 13 Nov - 22:21 | |
| CHAPITRE VII De l'indifférence que nous devons pratiquer en ce qui regarde notre avancement ès vertus.Voyez cette bonne âme, je vous prie elle a grandement désiré et tâché de s'affranchir de la colère, en quoi Dieu la favorisée; car il la rendue quitte de tous les péchés qui procèdent de la colère. Elle mourrait plutôt que de dire un seul mot injurieux, ou de lâcher un seul trait de haine. Néanmoins elle est encore sujette aux assauts et premiers mouvements de cette passion, qui sont certains élans, ébranlements et saillies du coeur irrité, que la paraphrase chaldaïque appelle trémoussements, disant: Trémoussez-vous et ne veuillez point pécher, où notre sacrée version a dit : Courroucez-vous, et ne veuillez point pécher, qui en est effet une même chose: car le prophète ne veut dire, sinon que si le courroux nous surprend, excitant en nos coeurs les premiers trémoussements de la colère, nous gardions bien de nous laisser emporter plus avant en cette passion, d'autant que nous pécherions. Or, bien que ces premiers élans et trémoussements ne soient aucunement péché, néanmoins la pauvre âme qui en est souvent atteinte, se trouble, s'afflige, s'inquiète, et pense bien faire de s'attrister, comme si c'était l'amour de Dieu qui la provoquât à cette tristesse; et cependant, Théotime, ce n'est pas l'amour céleste qui fait ce trouble, car il ne se fâche que pour le péché ; c'est notre amour propre qui voudrait que nous fussions exempts de la peine et du travail que les assauts de lire (colère) nous donnent. Ce n'est pas la coulpe (faute formelle) qui nous déplaît en ces élans de la colère, car il n'y a du tout point de péché; c'est la peine d'y résister qui nous inquiète. Ces rébellions de l'appétit sensuel, tant en lire qu'en la convoitise, sont laissées en nous pour notre exercice, afin que nous pratiquions la vaillance spirituelle en leur résistant. C'est le Philistin que les vrais Israélites doivent, toujours combattre, sans que jamais ils le puissent abattre; ils le peuvent affaiblir, mais non pas anéantir. Il ne meurt jamais qu'avec nous, et vit toujours avec nous; il est certes exécrable et détestable, d'autant qu'il est issu du péché et tend perpétuellement au péché. C'est pourquoi, comme nous sommes appelés terre, parce que nous sommes extraits de la terre, et que nous retournerons en terre, ainsi cette rébellion est appelée par le grand Apôtre péché, comme provenue du péché et tendante au péché, quoiqu'elle ne nous rende nullement coupables, sinon quand nous la secondons et lui obéissons. Dont le même apôtre nous avertit de faire en sorte que ce mal-là ne règne point en notre corps mortels pour obéir aux convoitises d'icelui. Il ne nous défend pas de sentir le péché, mais seulement d'y consentir; il n'ordonne pas que nous empêchions le péché de venir en nous et d'y être, mais il commande qu'il n'y vigne pas. Il est en nous quand nous sentons la rébellion de l'appétit sensuel; mais il ne règne pas en nous, sinon quand nous y consentons. Le médecin n'ordonnera jamais au fébricitant (qui a la fièvre) de n'avoir pas soif, car ce serait une impertinence trop grande; mais il lui dira bien qu'il s'abstienne de boive, encore qu'il ait soif. Jamais on ne dira à une femme enceinte qu'elle n'ait pas envie de manger des choses extraordinaires, car cela n'est pas en son pouvoir, mais on lui dira bien qu'elle die ses appétits, afin que, s'ils sont de chose nuisible, on divertisse son imagination, et que telle fantaisie ne règne pas en sa cervelle. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 14 Nov - 18:18 | |
| CHAPITRE VII De l'indifférence que nous devons pratiquer en ce qui regarde notre avancement ès vertus. L'aiguillon de la chair, messager de Satan, piquait rudement le grand saint Paul pour le faire précipiter au péché. Le pauvre apôtre souffrait cela comme une injure honteuse et infâme, c'est pourquoi il l'appelait un soufflettement et bafouement, et priait Dieu qu'il lui plût de l'en délivrer; mais Dieu lui répondît : O Paul, ma grâce te suffit, car ma force se perfectionne en l'infirmité; à quoi ce grand homme acquiesçant: Donc, dit-il, volontiers, je me glorifierai en mes infirmités, afin que la vertu de Jésus-Christ habite en moi. Mais, remarquez, de grâce, que la rébellion sensuelle est en cet admirable vaisseau délection, lequel, recourant au remède de l'oraison, nous montre qu'il nous faut combattre par ce même moyen les tentations que nous sentons. Remarquez encore que si notre Seigneur permet ces cruelles révoltes en l'homme, ce n'est pas toujours pour le punir de quelque péché, ains pour manifester la force et vertu de l'assistance et grâce divine, et remarquez enfla que non seulement sous ne devons pas nous inquiéter en nos tentations ni en nos infirmités; mais nous devons nous glorifier d'être infirmes, afin que la vertu divine paraisse en nous, soutenant notre faiblesse contre l'effort de la suggestion et tentation; car le glorieux apôtre appelle ses infirmités les élans et rejetons d'impureté qu'il sentait, et dit qu'il se glorifiait en icelles, parce que si bien il les sentait par sa misère, néanmoins par la Miséricorde de Dieu il n'y consentait pas. Certes, comme j'ai dit ci-dessus, l'Église condamna l'erreur de certains solitaires qui disaient qu'en ce monde nous pouvions être parfaitement exempts des passions dire, de convoitise, de crainte et autres semblables. Dieu veut que nous ayons des ennemis, Dieu veut que nous les repoussions. Vivons donc courageusement entre l'une et l'autre volonté divine, souffrant avec patience d'être assaillis, et tâchant avec vaillance de faire tête et résistance aux assaillants. CHAPITRE VIII Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés. Dieu hait souverainement le péché, et néanmoins il le permet très sagement pour laisser agir la créature raisonnable selon la condition de la nature, et rendre les bons plus raisonnables, quand, pouvant violer la loi, ils ne violent plus. Adorons donc et bénissons cette sainte permission. Mais puisque la Providence qui permet le péché le hait infiniment, détestons-le avec elle, haïssons-le, désirant de tout notre pouvoir que le péché permis ne soit point commis; et ensuite de ce désir, employons tous les remèdes qu'il nous sera possible pour empêcher la naissance, le progrès et le règne du péché, à l'imitation de notre Seigneur, qui ne cesse d'exhorter, promettre, menacer, défendre, commander et inspirer parmi nous, pour détourner notre volonté du péché, en tant qu'il se peut faire sans lui ôter sa liberté. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricrodieux vosu bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 16 Nov - 8:23 | |
| CHAPITRE VIII Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés.
Mais quand le péché est commis, faisons tout ce qui est en nous, afin qu'il soit effacé, comme notre Seigneur, qui assura Carpus, ainsi qu'il a été ci-devant noté, que s'il était requis, il subirait derechef la mort pour délivrer une seule âme du péché. Que si le pécheur s'obstine, pleurons, Théotime, soupirons, prions pour lui avec le Sauveur de nos âmes, qui, ayant jeté maintes larmes toute sa vie sur les pécheurs et sur ceux qui les représentaient, mourut enfin les yeux couverts de pleurs et son corps tout détrempé de sang, regrettant la perte des pécheurs. Cette affection toucha si vivement David, qu'il en tomba à coeur failli (en défaillance): La pamoison, dit-il, ma saisi pour les pécheurs abandonnant votre loi. Et le grand Apôtre proteste qu'il a au coeur une douleur continuelle pour l'obstination des Juifs. Cependant, pour obstinés que les pécheurs puissent, être, ne perdons point courage de les aider et servir; car que savons-nous si par aventure ils feront pénitence et seront sauvés? Bienheureux est celui qui peut dire à ses prochains comme saint Paul: Je n'ai cessé ni jour ni nuit en vous admonestant un chacun de vous avec larmes, et partant je suis net du sang de tous; car je ne me suis point épargné que je ne voies aie annonce tout le bon plaisir de Dieu. Tandis que nous sommes dans les bornes de l'espérance que le pécheur se puisse amender, qui sont toujours de même étendue que celles de sa vie, il ne faut jamais le rejeter, ains prier pour lui, et l'aider autant que son malheur le permettra. Mais en fin finale, après que nous avons pleuré sur les obstinés, et que nous leur avons rendu le devoir de charité, pour essayer de les retirer de perdition, il faut imiter noire Seigneur et las apôtres; c'est-à-dire, divertir notre esprit de là, le retourner sur des autres objets et à d'autres occupations plus utiles à la gloire de Dieu. Il fallait, disaient les apôtres aux Juifs, vous annoncer premièrement la parole de Dieu; mais d'autant que vous lui rejetez et vous tenez pour indignes du règne de Jésus-Christ, voici que nous nous retournons du côté des Gentils. On vous ôtera, dit le Sauveur, le royaume de Dieu, et il sera donné à une nation qui en fera du fruit. Car ou ne saurait s'amuser à pleurer trop longuement les uns, que ce ne fût en perdant le temps propre et requis à procurer le salut des autres. LApôtre certes dit, qu'il a une douleur continuelle de la perte des Juifs; mais c'est comme nous disons que nous bénissons Dieu en tout temps, car cela ne veut dire autre chose sinon que nous le bénissons fort souvent et en toute occasion: et de même le glorieux saint Paul avait une continuelle douleur en son coeur, à cause de la réprobation des Juifs, parce qu'à toutes occasions il regrettait leur malheur. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 17 Nov - 6:46 | |
| CHAPITRE VIII Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés.Au reste, il faut adorer, aimer et louer à jamais la justice vengeresse et punissante de notre Dieu, comme nous aimons sa Miséricorde; parce que l'une et l'autre est fille de sa bonté. Car par sa grâce il nous veut faire bons, comme très bon, ains souverainement bon qu'il est; par sa justice il veut châtier le péché, parce qu'il le hait: or, il le hait, parce qu'étant souverainement bon, il déteste le souverain mal, qui est l'iniquité. Et notez, pour conclusion, que jamais Dieu ne retire sa Miséricorde de nous que par l'équitable vengeance de sa justice punissante, et jamais nous n'échappons à la rigueur de sa justice que par sa Miséricorde justifiante; et toujours, ou punissant, ou gratifiant, son bon plaisir est adorable, aimable et digne d'éternelle bénédiction. Ainsi le juste qui chante les louanges de sa Miséricorde pour ceux qui seront sauvés, se réjouira de même quand il verra la vengeance: les bienheureux approuveront avec allégresse le jugement de la damnation des réprouvés, comme celui du salut des élus, et les anges ayant exercé leur charité envers les hommes qu'ils ont en garde, demeureront en paix, les voyant obstinés ou même damnés. Il faut donc acquiescer à la volonté divine, et lui baiser avec une dilection et révérence égale la main droite de sa Miséricorde et la main gauche de sa justice. CHAPITRE IX Comme la pureté de l'indifférence se doit pratiquer ès actions de l'amour sacré.Un musicien des plus excellents de l'univers et qui jouait parfaitement du luth, devint en peu de temps si extrêmement sourd, qu'il ne lui resta plus aucun usage de ouïe; néanmoins il ne laissa pas pour cela de chanter et manier son luth délicatement à merveille, à cause de la grande habitude qu'il en avait, et que sa surdité ne lui avait pas ôtée. Mais parce qu'il n'avait aucun plaisir en son chant, ni au chant du luth, d'autant qu'étant privé de l'ouïe il n'en pouvait apercevoir la douceur et beauté, il ne chantait plus ni ne sonnait du luth que pour contenter un prince duquel il était né sujet, et auquel il avait une extrême inclination de complaire, accompagnée d'une infinie obligation pour avoir été nourri dès sa jeunesse chez lui. C'est pourquoi il avait un plaisir nonpareil de lui plaire, et quand son prince lui témoignait d'agréer son chant, il était tout ravi de contentement. Mais il arrivait quelquefois que le prince, pour essayer l'amour de cet aimable musicien, lui commandait de chanter, et soudain le laissant là en sa chambre, il s'en allait à la chasse; mais le désir que le chantre avait de suivre ceux de son maître, lui faisait continuer aussi attentivement son chant, comme si le prince eût été présent, quoiqu'en vérité il n'avait aucun plaisir à chanter: car il n'avait ni le plaisir de la mélodie, duquel sa surdité le privait, ni celui de plaire au prince, puisque le prince étant absent ne jouissait pas de la douceur des beaux airs qu'il chantait. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 18 Nov - 7:40 | |
| CHAPITRE IX Comme la pureté de l'indifférence se doit pratiquer ès actions de l'amour sacré.Mon coeur est prêt, Seigneur, mon coeur est disposé De sonner un cantique a ton los (louer laus en latin) composé: Mon âme et mon esprit volontiers se range A chanter ta louange. Sus donc, ma gloire ! il se faut réveiller: Harpe et psaltérion, cessez de sommeiller. Certes le coeur humain est le vrai chantre du cantique de l'amour sacré, et il est lui-même la harpe et le psaltérion. Or, ce chantre s'écoute soi-même pour l'ordinaire, et prend un grand plaisir d'ouïr la mélodie de son cantique, c'est-à-dire, notre coeur aimant Dieu savoure les délices de cet amour, et prend un contentement nonpareil d'aimer un objet tant aimable. Voyez, je vous prie, Théotime, ce que je veux dire. Les jeunes petits rossignols s'essayent de chanter au commencement pour imiter les grands; mais étant façonnés et devenus maîtres, ils chantent pour le plaisir qu'ils prennent en leur propre gazouillement, et s'affectionnent si passionément à cette délectation, ainsi que j'ai dit ailleurs, qu'à force de pousser leur voix, leur gosier s'éclate, dont ils meurent. Ainsi, nos coeurs, au commencement de leur dévotion, aiment Dieu pour s'unir à lui, lui être agréables, et l'imiter en ce qu'il nous a aimés éternellement; mais petit à petit étant duicts (instruits) et exercés au saint amour, ils prennent imperceptiblement le change, et en lieu d'aimer Dieu pour plaire à Dieu, ils commencent d'aimer pour le plaisir puis ont eux-mêmes ès exercices du saint amour; et en lieu qu'ils étaient amoureux de Dieu, ils deviennent amoureux de l'amour qu'ils lui portent, ils sont affectionnés à leurs affections, et ne se plaisent plus en Dieu, mais au plaisir qu'ils ont en son amour; se contentant en cet amour, en tant qu'il est à eux, qu'il est dans leur esprit, et qu'il en procède. Car encore que cet amour sacré s'appelle amour de Dieu, parce que Dieu est aimé par icelui, il ne laisse pas d'être nôtre, garce que nous sommes les amants qui aimons par icelui. Et c'est là le sujet du change: car en lieu d'aimer ce saint amour, parce qu'il tend à Dieu qui est laimé, irons l'aimons parce qu'il procède de nous qui sommes les amants. Or, qui ne voit qu'ainsi faisant ce n'est plus Dieu que nous cherchons, ains que nous retenons à nous-mêmes, aimant l'amour en tien d'aimer le bien-aimé; aimant, dis-je, cet amour, non pour le bon plaisir et contentement de Dieu, mais pour le plaisir et contentement que nous en tirons nous-mêmes? Ce chantre donc qui chantait au commencement à Dieu et pour Dieu, chante maintenant plus à soi-même et pour soi-même que pour Dieu; et s'il prend plaisir à chanter, ce n'est plus tant pour contenter à l'oreille de son Dieu, que pour contenter la sienne. Et d'autant que le cantique de l'amour divin est te plus excellent de tous, il l'aime aussi davantage, non à cause de l'excellence divine qui est louée; mais parce que l'air du chant en est plus délicieux et agréable. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 19 Nov - 8:35 | |
| CHAPITRE X Moyen de connaître le change au sujet de ce saint amour.Vous connaîtrez bien cela, Théotime; car si ce rossignol mystique chante pour contenter Dieu, il chantera le cantique qu'il saura être le plus agréable à la divine Providence. Mais s'il chante pour le plaisir que lui-même prend en la mélodie de son chant, il ne chantera pas le cantique qui est le plus agréable à la bonté céleste, ains celui qui est le plus à son gré de lui-même et duquel il pense tirer plus de plaisir. De deux cantiques qui seront voirement l'un et l'autre divins, il se peut bien faire que l'un sera chanté parce qu'il est divin, et l'autre parce qu'il ait agréable. Rachel et Lia sont également épouses de Jacob mais l'une est aimée de lui en qualité d'épouse seulement, et l'autre en qualité de belle. Le cantique est divin ; mais le motif qui nous le fait chanter, c'est la délectation spirituelle que nous en prétendons. Ne vois-tu pas, dira-t-on à cet évêque, que Dieu veut que tu chantes le cantique pastoral de sa dilection emmi son troupeau, lequel en vertu de son saint amour il te recommande par trois fois de paître en la personne du grand saint Pierre qui fût le premier des pasteurs? Que me répondras-tu? Qu'à Rome, qu'à Paris il y a plus de délices spirituelles, et qu'on y peut pratiquer le divin amour avec plus de suavité. O Dieu! ce n'est donc pas pour vous plaire que cet homme peut chanter, c'est pour le plaisir qu'il prend à cela; ce n'est pas vous qu'il cherche en l'amour; c'est Le contentement qu'il a ès exercices du saint amour. Les religieux voudraient chanter le cantique des pasteurs, et les mariés celui des religieux, afin, ce disent-ils, de pouvoir mieux aimer et servir Dieu. Eh! vous vous trompez, mes chers amis; ne dites pas que c'est pour mieux aimer et servir Dieu : ô nenni certes, c'est pour mieux servir votre propre contentement, lequel vous aimez plus que le contentement de Dieu. La volonté de Dieu est en la maladie aussi bien et presque ordinairement mieux qu'en la santé. Que si nous aimons mieux la sauté, ne disons pas que c'est pour tant mieux servir Dieu: car qui ne voit que c'est la santé que nous cherchons en la volonté de Dieu, et non pas la volonté de Dieu en la santé? Il est malaisé, je le confesse, de regarder longuement et avec plaisir la beauté d'un miroir, qu'on ne s'y regarde, ains qu'on ne se plaise à s'y regarder soi-même; mais il y n'ait pourtant de la différence entre Le plaisir que l'on prend à regarder un miroir parce qu'il est beau, et l'aise que l'on a de regarder dans un miroir, parce qu'on s'y voit. Il est aussi sans doute malaisé d'aimer Dieu qu'on aime quant et quant (avec) le plaisir que l'on prend en son amour : mais néanmoins il y a bien à dire entre le contentement que l'on a d'aimer Dieu parce qu'il est beau, et celui que l'on a de l'aimer parce que son amour nous est agréable. Or, il faut tâcher de ne chercher en Dieu que l'amour de sa beauté, et non le plaisir qu'il y a en la beauté de son amour. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 20 Nov - 6:15 | |
| CHAPITRE X Moyen de connaître le change au sujet de ce saint amour.Celui qui priant Dieu saperçoit qu'il prie, n'est pas parfaitement attentif à prier; car il divertit son attention de Dieu, lequel il prie pour penser à la prière par laquelle il le prie. Le soin même que nous avons à n'avoir point de distractions, nous sert souvent de fort grande distraction; la simplicité ès actions spirituelles est la plus recommandable. Voulez-vous regarder Dieu, regardez-le donc et soyez attentif à cela; car si vous réfléchissez et retournez vos yeux de dessus vous-même pour voir la contenance que vous tenez en le regardant, ce n'est plus lui que vous regardez, c'est votre maintien, c'est vous-même. Celui qui est en une fervente oraison, ne sait s'il est en oraison ou non, car il ne pense pas à l'oraison qu'il fait, ains à Dieu à qui il la fait. Qui est en l'ardeur de l'amour sacré, il ne retourne point son coeur sur soi-même pour regarder ce qu'il fait, ains le tient arrêté et occupé en Dieu auquel il applique son amour. Le chantre céleste prend tant de plaisir de plaire à son Dieu, qu'il ne prend nul plaisir en la mélodie de sa voix, sinon parce qu'elle plaît à son Dieu Vous verrez, Théotime, cet homme qui prie Dieu, ce vous semble, avec tant de dévotion, et qui est si ardent aux exercices de l'amour céleste; mais attendez un peu, et vous verrez si c'est Dieu qu'il aime. Hélas! soudain que la suavité et satisfaction qu'il prenait en l'amour cessera, et que les sécheresses arriveront, il quittera tout là, il ne priera plus qu'en passant. Or, si c'était Dieu qu'il aimait, pourquoi eût-il cessé de l'aimer, puisque Dieu est toujours Dieu? C'était donc la consolation de Dieu qu'il aimait, et non pas le Dieu de consolation. Plusieurs certes ne se plaisent point en l'amour divin, sinon qu'il soit confit au sucre de quelque suavité sensible, et feraient volontiers comme les petits enfants, auxquels quand on donne du miel sur un morceau de pain, ils lèchent et sucent le miel, et jettent par après le pain.; car si la suavité était séparable de l'amour, ils quitteraient l'amour et tireraient la suavité. C'est pourquoi ils suivent l'amour à cause de la suavité, laquelle quand ils n'y rencontrent pas, ils ne tiennent compte de l'amour. Mais telles gens sont exposés à beaucoup de dangers: ou de retourner en arrière quand les goûts et consolations leur manquent, ou de samuser à des vaines suavités bien éloignées du véritable amour, et prendre le miel d'Héraclée pour celui de Narbonne. CHAPITRE XI De la perplexité du coeur qui aime sans savoir qu'il plaît au bien-aimé.Le chantre duquel j'ai parlé, étant devenu sourd, n'avait nul contentement à chanter, que celui de voir aucunes fois son prince attentif à l'ouïr et y prendre plaisir. O que bienheureux est le coeur qui aime Dieu, sans aucun autre plaisir que celui qu'il prend de plaire à Dieu! car quel plaisir peut-on jamais avoir plus pur et plus parfait que celui que l'on prend dans le plaisir de ta Divinité? Néanmoins ce plaisir de plaire à Dieu n'est pas, à proprement parler, l'amour divin, ains seulement un fruit d'icelui, qui en peut être séparé, ainsi qu'un citron de son citronnier. Car, comme j'ai dit, notre musicien chantait toujours, sans tirer aucun plaisir de son chant, puisque la surdité l'en empêchait; et maintes fois il chantait aussi sans avoir le plaisir de plaire à son prince, parce que le prince, lui ayant commandé de chanter, se retirait ou allait à la chasse, sans prendre ni le loisir ni le plaisir de l'ouïr. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 21 Nov - 0:14 | |
| CHAPITRE XI De la perplexité du coeur qui aime sans savoir qu'il plaît au bien-aimé.Tandis, ô Dieu! que je vois votre douce face qui témoigne d'agréer le chant de mon amour, hélas! que je suis consolé ! car y a-t-il aucun plaisir qui égale le plaisir de bien plaire à son Dieu? Mais quand vous retirez vos yeux de moi, et que je n'aperçois plus la douce faveur de la complaisance que vous preniez en mon cantique, vrai Dieu, que mon âme est en grande peine! niais sans cesser pourtant de vous aimer fidèlement, et de chanter continuellement l'hymne de sa dilection, non pour aucun plaisir qu'elle y trouve, car elle n'en a point, ains chante pour le pur amour de votre volonté. On a vu tel enfant malade manger courageusement, avec un incroyable dégoût, ce que sa mère lui donnait, pour le seul désir qu'il avait de la contenter; et alors il mangeait sans prendre aucun plaisir en la viande, mais non pas sans un antre plaisir plus estimable et relevé, qui était le plaisir de plaire à sa mère et de la voir contenter. Mais l'autre qui, sans voir sa mère, pour la seule connaissance qu'il avait de sa volonté, prenait tout ce qu'on lui apportait de sa part, il mangeait sans aucun plaisir, car il n'avait ni le plaisir de manger, ni le contentement de voir le plaisir de sa mère, ains mangeait simplement et purement pour faire la volonté d'icelle. La seule satisfaction d'un prince présent, ou de quelque personne fortement aimée, fait délicieuses les veillées, les peines, les sueurs, et rend les hasards désirables: niais il n'y a rien de si triste que de servir un maître qui n'en sait rien, ou, s'il le sait, ne fait nul semblant den savoir gré: et faut bien en ce cas-là que l'amour soit puissant, puisqu'il se soutient lui seul, sans être appuyé d'aucun plaisir ni d'aucune prétention. Ainsi arrive-t-il quelquefois que nous n'avons nulle consolation ès exercices de l'amour sacré, d'autant que, comme chantres sourds, nous n'oyons pas notre propre voix, ni ne pouvons jouir de la suavité de notre chant; ains au contraire outre cela nous sommes pressés de mille craintes, troublés de mille tintamares que l'ennemi fait autour de notre coeur, nous suggérant que peut-être ne sommes-nous point agréables à notre maître, et que notre amour est inutile, oui même qu'il est faux et vain, puisqu'il ne produit point de consolation. Or alors, Théotime, nous travaillons non seulement sans plaisir, mais avec un extrême ennui, ne voyant ni le bien de notre travail, ni le contentement de celui pour qui nous travaillons. Mais ce qui accroît le mal en cette occurrence, c'est que l'esprit et suprême pointe de la raison ne nous peut donner aucune sorte d'allégement; car cette pauvre portion supérieure de la raison étant tout environnée des suggestions que l'ennemi lui fait, elle est même tout alarmée, et se trouve assez embesognée à se garder dêtre surprise d'aucun consentement au mal; de sorte qu'elle ne peut faire aucune sortie pour désengager la portion inférieure de l'esprit. Et bien quelle nait pas perdu le courage, elle est pourtant si terriblement attaquée, que si elle est sans coulpe (faute), elle nest pas sans peine; car, pour comble de son ennui, elle est privée de la générale consolation que lon a presque toujours en tous les autres maux de ce monde, qui est lespérance quils ne seront pas perdurables, et que lon en verra la fin, si que (tellement) le coeur en ces ennuis spirituels tombe en une certaine impuissance de penser à leur fin, et par conséquent dêtre allégé par lespérance. La foi certes, résidante en la cime de lesprit, nous assure bien que ce trouble finira, et que nous jouirons un jour du repos, mais la grandeur du bruit et des cris que lennemi fait dans le reste de lâme en la raison inférieure, empêche que les avis et remontrances de la foi ne sont presque point entendus, et ne nous demeure en limagination que ce triste présage : Hélas ! je ne serai jamais joyeux. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 22 Nov - 7:25 | |
| CHAPITRE XI De la perplexité du coeur qui aime sans savoir qu'il plaît au bien-aimé. O Dieu ! mon cher Théotime, mais c'est alors qu'il faut témoigner une invincible fidélité envers le Sauveur, le servant purement pour l'amour de sa volonté, non seulement sans plaisir, mais parmi ce déluge de tristesses, d'horreurs, de frayeurs et d'attaques, comme fit sa glorieuse mère et saint Jean au jour de sa passion, qui entre tant de blasphèmes, de douleurs et de détresses mortelles, demeurèrent fermes en l'amour, lors même que le Sauveur, avant retiré toute sa sainte joie dans la cime de son esprit, ne répandait ni allégresse ni consolation quelconque en son divin visage, et que ses yeux alangouris et couverts des ténèbres de la mort ne jetaient plus que des regards de douleur, comme aussi le soleil des rayons d'horreur et d'affreuses ténèbres. CHAPITRE XII Comme, entre ces travaux intérieurs, l'âme ne connaît pas l'amour qu'elle porte à son Dieu, et du trépas très aimable de la volonté. Le grand saint Pierre étant à la veille d'être martyrisé, l'ange vint en la prison, qu'il remplit toute de splendeur, éveilla saint Pierre, le fit lever, ceindre, chausser, vêtir, lui ôta les liens et menottes, le tira hors de la prison, et le mena au travers de la première et seconde garde jusquà' la porte de fer qui menait en la ville, laquelle s'ouvrit devant eux; et ayant passé une rue, l'ange laissa là le glorieux saint Pierre en pleine liberté. Voilà une grande variété d'actions fort sensibles: et saint Pierre néanmoins qui avait été éveillé avant toutes choses, ne pensait pas que ce qui se faisait par l'ange fût vrai, ains estimait que ce fût une vision imaginaire. Il était éveillé et ne pensait pas l'être; il s'était chaussé et vêtu, et ne savait pas qu'il leût fait; il marchait et n'estimait pas de marcher; il était délivré et ne le croyait pas; et cela d'autant que la merveille de sa délivrance fut si grande qu'elle occupait son esprit, en telle sorte qu'encore qu'il eût assez de sentiment et de connaissance pour faire ce qu'il faisait, néanmoins il n'en avait pas assez pour connaître qu'il le faisait réellement et tout de bon ; il voyait bien l'ange, niais il ne s'apercevait pas que ce fût d'une vraie et naturelle vision; c'est pourquoi il n'avait nulle consolation de sa délivrance jusqu'à ce qu'en revenant à soi: Maintenant, dit-il, je connais en vérité que Dieu a envoyé son ange, et m'a délivré de la main d'Hérodes et de toute l'attente du peuple juif. Or, il en est de même, Théotime, d'une âme qui est grandement chargée d'ennuis intérieurs; car, bien q'uelle ait le pouvoir de croire, d'espérer et d'aimer Dieu, et qu'en vérité elle le fasse; toutefois elle n'a pas la force de bien discerner si elle croit, espère et chérit son Dieu, d'autant que la détresse l'occupe et accable si fort qu'elle ne peut faire aucun retour sur soi-même pour voir ce qu'elle fait; et c'est pourquoi il lui est d'avis qu'elle n'a ni foi, ni espérance, ni charité, ains seulement des fantômes et inutiles impressions de ces vertus-là, qu'elle sent presque sans les sentir, et comme étrangères, non comme domestiques de son âme. Que si vous y prenez garde, vous trouverez que nos esprits sont toujours en pareil état quand ils sont puissamment occupés de quelque violente passion; car ils font plusieurs actions comme en songe, et desquelles ils ont si peu de sentiment, qu'il ne leur est presque pas avis que ce soit en vérité que les choses se passent. C'est pourquoi le sacré Psalmiste exprime la grandeur de la consolation que les Israélites eurent au retour de la captivité de Babylone, en ces paroles : Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 23 Nov - 11:15 | |
| CHAPITRE XII Comme, entre ces travaux intérieurs, l'âme ne connaît pas l'amour qu'elle porte à son Dieu, et du trépas très aimable de la volonté.
Lorsqu'il plut au Seigneur de Sion le servage En liberté changer, Un tel ravissement surprit notre courage, Que nous pensions songer. Et comme porte la sainte version latine, après les Septante : Nous fûmes faits comme consolés; c'est-à-dire, l'admiration de la grandeur du bien qui nous arriva était si excessive, qu'elle nous empêchait de bien sentir la consolation que nous reçûmes; et nous était advis que nous ne fussions pas véritablement consolés, et que nous n'eussions pas une consolation en vérité, ains seulement en figure et en songe. Tels sont donc les sentiments de l'âme laquelle est entre les angoisses spirituelles qui rendent l'amour extrêmement pur et net ; car, étant privé de tout plaisir par lequel il puisse être attaché à son Dieu, il nous joint et unit à Dieu immédiatement, volonté à volonté, coeur à coeur, sans aucune entremise de contentement ou prétention. Hélas! Théotime, que le pauvre coeur est affligé, quand, comme abandonné de l'amour, il regarde partout et ne le trouve point, ce lui semble! Il ne le trouve point ès sens extérieurs, car ils n'en sont pas capables; ni en l'imagination, qui est cruellement tourmentée de diverses impressions; ni en la raison troublée de mille obscurités de discours et appréhensions étranges; et bien qu'enfin elle le trouve en la cime et suprême pointe de l'esprit où cette divine dilection réside, si est-ce néanmoins qu'elle le méconnaît, et lui est advis que ce n'est pas lui, parce que la grandeur des ennuis et des ténèbres l'empêche de sentir sa douceur. Elle le voit sans le voir, et le rencontre sans le connaître, comme si c'était en songe et en image. Ainsi Magdeleine ayant rencontré son cher maître, n'en reçoit aucun allégement, d'autant qu'elle ne pensait pas que ce fût lui, ains seulement le jardinier. Mais que peut donc faire l'âme qui est en cet état ? Théotime, elle ne sait plus comme se maintenir entre tant d'ennuis, et n'a plus de force que pour laisser mourir sa volonté entre les mains de la volonté de Dieu, à l'imitation du doux Jésus, qui étant arrivé au comble des peines de la croix que le Père lui avait préfigées (fixées d'avance), et ne pouvant plus résister à l'extrémité de ses douleurs, fit comme le cerf, qui hors d'haleine et accablé de la meute, se rendant à l'homme, jette les derniers abois la larme à l'oeil. Car ainsi ce divin Sauveur proche de sa mort, et jetant les derniers soupirs avec un grand cri et force larmes : Hélas! dit-il, ô mon Père, je recommande mon esprit en vos mains; parole, Théotime, qui fut la dernière de toutes, et par laquelle le Fils bien-aimé donna le souverain témoignage de son amour envers son père. Quand donc tout nous défaut, quand nos ennuis sont en leur extrémité, cette parole, ce sentiment, ce renoncement de notre âme entre les mains de notre Sauveur, ne nous peut manquer. Le Fils recommanda son esprit au Père en cette dernière et incomparable détresse, et nous, lorsque les convulsions des peines spirituelles nous ôtent toute autre sorte d'allégements et de moyens de résister, recommandons notre esprit ès mains de ce Fils éternel, qui est notre vrai père; et baissant la tête de notre acquiescement à son bon plaisir, consignons. lui toute notre volonté. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 24 Nov - 8:29 | |
| CHAPITRE XIII Comme la volonté étant morte à soi vit purement dans la volonté de Dieu.Nous parlons avec une propriété toute particulière de la mort des hommes en notre langage français; car nous l'appelons trépas, et les morts trépassés; signifiant que la mort entre les hommes n'est qu'un passage d'une vie à l'autre, et que mourir n'est autre chose sinon outrepasser les confias de cette vie mortelle pour aller à l'immortelle. Certes notre volonté ne peut jamais mourir, non plus que notre esprit; mais elle outrepasse quelquefois les limites de sa vie ordinaire, pour vivre toute en la volonté divine c'est lorsquelle ne sait ni ne veut plus rien vouloir, ains elle s'abandonne totalement et sans réserve au bon plaisir de la divine Providence, se mêlant et détrempant tellement avec ce bon plaisir, qu'elle ne paraît plus, mais est toute cachée avec Jésus-Christ en Dieu, où elle vit, non plus elle-même, ains la volonté de Dieu vit en elle. Que devient la clarté des étoiles, quand le soleil parait sur notre horizon? Elle ne périt certes pas; mais elle est ravie et engloutie dans la souveraine lumière du soleil, avec laquelle elle est heureusement mêlée et conjointe. Et que devient la volonté humaine, quand elle est entièrement abandonnée au bon plaisir divin? Elle ne périt pas tout à fait; mais elle est tellement abîmée et mêlée avec la volonté de Dieu, qu'elle ne paraît plus, et n'a plus aucun vouloir séparé de celui de Dieu. Imaginez-vous, Théotime, le glorieux et non jamais assez loué saint Louis, qui s'embarque et fait voile pour aller outre-mer, et voyez que la reine sa chère femme s'embarque avec Sa Majesté. Or, qui eût demandé à cette brave princesse: Où allez-vous, madame? elle eût sans doute répondu: Je vais où le roi va. Et qui eût derechef demandé: Mais savez-vous bien, madame, où le roi va? elle eût aussi répondu: Il me la dit en général, et néanmoins je n'ai aucun souci de savoir où il va, ains seulement d'aller avec lui. Que si on eût répliqué: Donc, madame, vous n'avez point de dessein en ce voyage ? Non, eût-elle dit, je n'en ai point d'autre que d'être avec mon cher seigneur et mari. Voire mais (mais pourtant), lui eût-on pu dire, il va en Égypte pour passer en Palestine; il logera à Damiette, dans Acre et plusieurs autres lieux; n'avez-vous pas intention, madame, d'y aller aussi? À cela elle eût répondu: Non vraiment, je n'ai nulle intention, sinon d'être auprès de mon roi, et les lieux où il va me sont indifférents et de nulle considération, sinon en tant qu'il y sera; je vais sans désir d'aller, car je n'affectionne rien que la présence du roi. C'est donc le roi qui va, et qui veut le voyage, et quant à moi, je ne vais pas, je suis; je ne veux pas le voyage, ains la seule présence du roi; le séjour, le voyage et toute sorte de diversités métant tout à fait indifférents. Certes, si on demande à quelque serviteur qui est à la suite de son maître, où il va, il ne doit pas répondre qu'il va en tel ou tel lieu, ains seulement qu'il suit son maître; car il ne va nulle part par sa volonté, ains seulement par celle de sou maître. Ainsi, mon Théotime, une volonté résignée en celle de son Dieu ne doit avoir aucun vouloir, ains suivre simplement celui de Dieu. Et comme celui qui est dans un navire ne se remue pas de son mouvement propre, ains se laisse seulement mouvoir selon le mouvement du vaisseau dans lequel il est; de même le coeur qui est embarqué dans le bon plaisir divin, ne doit avoir aucun autre vouloir que celui de se laisser porter au vouloir de Dieu. Et lors le coeur ne dit plus : Votre volonté soit faite, et non la mienne, car il n'a plus aucune volonté à renoncer, ains il dit ces paroles: Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 26 Nov - 7:55 | |
| CHAPITRE XIII Comme la volonté étant morte à soi vit purement dans la volonté de Dieu.Seigneur, je remets ma volonté entre vos mains, comme si sa volonté n'était plus en sa disposition, ains en celle de la divine Providence; de sorte que ce n'est pas proprement comme les serviteurs suivent leurs maîtres: car encore que le voyage se fasse par la volonté de leur maître, leur suite toutefois se fait par leur propre volonté particulière, bien qu'elle soit une volonté suivante et servante, soumise et assujettie à celle de leur maître; si que (tellement que) tout ainsi que le maître et le serviteur sont deux, aussi la volonté du maître et celle du serviteur sont deux. Mais la volonté qui est morte à soi-même pour vivre en celle de Dieu, elle est sans aucun vouloir particulier, demeurant non seulement conforme et sujette, mais tout anéantie en elle-même et convertie en celle de Dieu; comme on dirait d'un petit enfant qui n'a point encore l'usage de sa volonté pour vouloir ni aimer chose quelconque que le sein elle visage de sa chère mère; car il ne pensa nullement à vouloir ni aimer chose quelconque, sinon d'être entre les bras de sa mère, avec laquelle il pense être une même chose, et n'est nullement en souci d'accommoder sa volonté à celle de sa mère; car il ne sent point la sienne, et ne cuide pas (n'a pas souci) d'en avoir une, laissant le soin à sa mère d'aller, de faire et de vouloir ce qu'elle trouvera bon pour lui. C'est, certes, la souveraine perfection de notre volonté que d'être ainsi unie à celle de notre souverain bien, comme fut celle du saint qui disait: O Seigneur, vous m'avez conduit (...) car que voulait-il dire, sinon qu'il n'avait nullement employé sa volonté pour se conduire, s'étant simplement laissé guider et mener à celle de son Dieu ? CHAPITRE XIV Éclaircissement de ce qui a été dit touchant le trépas de notre volonté.Il est croyable que la très sainte Vierge Notre-Dame recevait tant de contentement de porter son cher petit Jésus entre ses bras, que le contentement empêchait la lassitude, ou du moins rendait la lassitude agréable; car, si de porter une branche d'agnus-castus soulage les voyageurs et les délasse, quel allégement ne recevait pas la glorieuse Mère de porter l'Agneau de Dieu immaculé ! Que si parfois elle le laissait marcher sur ses pieds avec elle, le tenant par la main, ce n'était pas qu'elle n'eût mieux aimé de l'avoir pendant à son col sur sa poitrine; mais elle le faisait pour l'exercer à former ses pas et à cheminer lui-même. Et nous autres, Théotime, comme petits enfants du Père céleste, nous pouvons aller avec lui en deux sortes; car nous pouvons aller premièrement marchant des pas de notre propre vouloir, lequel nous conformons au sien, tenant toujours de la main de notre obéissance celle de son intention divine, et la suivant partout où elle nous conduit, qui est ce que Dieu requiert de nous par la signification de sa volonté; car puisqu'il veut que je fasse ce qu'il m'ordonne, il veut que j'aie le pouvoir de le faire. Dieu m'a signifié qu'il voulait que je sanctifiasse le jour du repos; puisqu'il veut que je le fasse, il veut donc que je le veuille faire, et que pour cela j'aie mon propre vouloir, par lequel je suive le sien, me conformant et correspondant à icelui. Mais nous pouvons aussi aller avec notre Seigneur sans avoir aucun vouloir propre, nous laissant simplement porter à son bon plaisir divin comme un petit enfant entre les bras de sa mère, par une certaine sorte de consentement admirable qui se peut appeler union, ou plutôt unité de notre volonté avec celle de Dieu. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 27 Nov - 11:14 | |
| CHAPITRE XIV Éclaircissement de ce qui a été dit touchant le trépas de notre volonté.Et c'est la façon avec laquelle nous devons tâcher de nous comporter en la volonté du bon plaisir divin, d'autant que les effets de cette volonté du bon plaisir procèdent purement de sa providence, et sans que nous les fassions, ils nous arrivent, Il est vrai que nous pouvons bien vouloir qu'ils arrivent selon la volonté de Dieu, et ce vouloir est très bon; mais nous pouvons bien aussi recevoir les événements du bon plaisir céleste par une très simple tranquillité de notre volonté, qui, ne voulant chose quelconque, acquiesce simplement à tout ce que Dieu veut être fait en nous, sur nous et de nous. Si on eût demandé au doux enfant Jésus, étant porté entre les bras de sa mère, où il allait? n'eût-il pas eu raison de répondre: Je ne vais pas, c'est ma mère qui va pour moi? et qui lui eût demandé: Mais au moins n'allez-vous pas avec votre mère? n'eût-il pas eu raison de dire: Non, je ne vais nullement ; ou si je vais là par où ma mère me porte, je n'y vais pas avec elle, ni par mes propres pas; ains j'y vais par les pas de ma mère, par elle et en elle? Et qui lui eût répliqué: Mais au moins, ô très cher divin enfant, vous vouliez bien vous laisser porter à votre douce mère? Non fait (par opposition à si fait) certes, eût-il pu dire: Je ne veux rien de tout cela ; ains comme ma toute bonne mère marche pour moi, aussi elle veut pour moi; je lui laisse également le soin et daller et de vouloir aller pour moi où bon lui semblera; et comme je ne marche que par ses pas, aussi je ne veux que par son vouloir; et dès que je me trouve entre ses bras, je n'ai aucune attention ni à vouloir, ni à ne vouloir pas, laissant tout autre soin à ma mère, hormis celui d'être sur son sein, de sucer ses sacrées mamelles, et de me tenir bien attaché à son col très aimable, pour la baiser amoureusement des baisers de ma bouche. Et afin que vous le sachiez, tandis que je suis parmi les délices de ces saintes caresses qui surpassent toute suavité, il m'est d'avis que ma mère est un arbre de vie, et que je suis en elle comme son fruit, que je suis son propre coeur au milieu de sa poitrine, ou son âme au milieu de son coeur c'est pourquoi, comme son marcher suffit pour elle et pour moi, sans que je me mêle de faire aucun pas, aussi sa volonté suffit pour elle et pour moi, sans que je fasse aucun vouloir pour ce qui est d'aller ou de venir; aussi ne prends-je point garde si elle va vite ou tout bellement; ni si elle va d'un côté ou d'autre; ni je ne manque nullement où elle veut aller, me contentant que, comme que ce soit, je suis toujours entre ses bras, joignant ses aimables mamelles, où je me repais comme entre les lis. O divin enfant de Marie, permettez à ma chétive âme ces élans de dilection. Or allez donc, ô cher petit enfant très aimable, ou plutôt n'allez pas, mais demeurez ainsi saintement collé à la poitrine de votre douce mère; allez toujours en elle et par elle ou avec elle; et n'allez jamais sans elle pendant que vous êtes enfant. O que bienheureux est le sein qui vous a porté, et les mamelles que vous avez sucées ! Le Sauveur de nos âmes eut l'usage de raison dès l'instant de sa conception au sein de sa mère, et pouvait faire tous ces discours; oui, même le glorieux saint Jean, son précurseur, dès le jour de la sainte visitation. Et bien que l'un et l'autre, pendant ce temps-là et celui de l'enfance, jouit de sa propre liberté pour vouloir et ne vouloir pas les choses; si est-ce qu'ils laissèrent le soin, en ce qui était de leur conduite extérieure, à leurs mères de faire et vouloir pour eux ce qui était requis. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 28 Nov - 0:29 | |
| CHAPITRE XIV Éclaircissement de ce qui a été dit touchant le trépas de notre volonté.Théotime, nous devons être comme cela, nous rendant pliables et maniables au bon plaisir divin comme si nous étions de cire, ne nous amusant point à souhaiter et vouloir les choses, mais les laissant vouloir et faire à Dieu pour nous ainsi quil lui plaira : jetant en lui toute notre sollicitude, d'autant qu'il a soin de nous, ainsi que dit le saint Apôtre. Et notez qu'il dit : toute notre sollicitude, c'est-à-dire, autant celle que nous avons de recevoir les événements, comme celle de vouloir ou de ne vouloir pas; car il aura soin du succès de nos affaires, et de vouloir pour nous ce qui sera le meilleur. Cependant employons chèrement notre soin à bénir Dieu de tout ce qu'il fera, à l'exemple de Job, disant : Le Seigneur m'a donné beaucoup, le Seigneur me l'a été : le nom du Seigneur soit béni. Non, Seigneur, je ne veux aucun événement, car je vous le laisse vouloir pour moi tout à votre gré; mais en lieu de vouloir les événements, je vous bénirai de quoi vous les aurez voulus. O Théotime, que cette occupation de notre volonté est excellente, quand elle quitte le soin de vouloir et choisir les effets du bon plaisir divin, pour louer et remercier ce bon plaisir de tels effets! CHAPITRE XV Du plus excellent exercice que nous puissions faire parmi les peines intérieures et extérieures de cette vie, en suite de l'ndifférence et trépas de la volonté.Bénir Dieu et le remercier pour tous les événements que sa providence ordonne, c'est à le vérité une occupation toute sainte; mais si tandis que nous laissons le soin à Dieu de vouloir et faire ce qui lui plait en nous, sur nous et de nous, sans être attentifs à ce qui se passe, quoique nous le sentions bien, nous pouvions divertir notre coeur et appliquer notre attention en la bonté et douceur divine; la bénissant, non en ses effets ni ès événements qu'elle ordonne, mais en elle-même et en sa propre excellence, nous ferions sans doute un exercice beaucoup plus éminent. Démétrius tenant le siège devant Rhodes, Protogène (peintre célèbre, vivait à Rhodes vers 336 av. J.-C. Son mérite fut surtout mis en lumière par Apelle) qui était en une petite maison des fatbourgs, ne cessa jamais de travailler, mais avec tant dassurance et de repos d'esprit, qu'encore qu'on lui tint presque toujours l'épée à la gorge, il fit l'excellent chef-doeuvre d'un satyre admirable qui s'égayait à jouer du flageolet. O Dieu, quelles âmes, qui, entre toutes sortes d'accidents, tiennent toujours leur attention et affection sur la bonté éternelle pour l'honorer et chérir à jamais ! j'aurais tort de vouloir quelque chose, car il voudra assez tout ce qui me sera profitable. Seulement donc j'attendrai qu'il veuille ce qu'il jugera expédient, et ne m'amuserai qu'à le regarder quand il sera près de moi, à lui témoigner mon amour filial, et lui faire connaître ma confiance parfaite. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 29 Nov - 6:43 | |
| CHAPITRE XV Du plus excellent exercice que nous puissions faire parmi les peines intérieures et extérieures de cette vie, en suite de l'ndifférence et trépas de la volonté.Et sur ces paroles, elle s'endormit, tandis que son père, jugeant à propos de la saigner, disposa ce qui était requis, et venant à elle, ainsi qu'elle se réveilla, après l'avoir interrogée comme elle se trouvait de son sommeil, il lui demanda si elle ne voulait pas bien être saignée pour guérir. Mon père, répondit-elle, je suis vôtre : je ne sais ce que je dois vouloir pour guérir, c'est à vous de vouloir et faire pour moi tout ce qui vous semblera bon; car, quant à moi, il me suffit de vous aimer et honorer de tout mon coeur, comme je fais. Voilà donc qu'on lui bande le bras, et que le père même porte la lancette sur la veine mais tandis qu'il donne Le coup et que le sang en sort, jamais cette aimable fille ne regarda son bras piqué, ni son sang sortir de la veine; ains tenant les yeux arrêtés sur le visage de son père, elle ne disait autre chose, sinon parfois tout doucement Mon père m'aime bien, et moi je suis toute sienne; et quand tout fut fait, elle ne le remercia point, mais seulement répéta encore une fois les mêmes paroles de son affection et confiance filiale. Or, dites-moi. maintenant, mon ami Théotime, cette fille ne témoigna-t-elle pas un amour plus attentif et plus solide envers son père, que si elle eût eu beaucoup de soin de lui demander des remèdes à son mal, de regarder comme on lui ouvrait la veine, ou comme le sang coulait, de lui dire beaucoup de paroles de remerciement? Il n'y a certes doute quelconque en cela car si elle eût pensé à soi, qu'eût-elle gagné, sinon d'avoir souci inutile, puisque son père en avait assez pour elle? Regardant son bras, qu'eût-elle fait, sinon recevoir de la frayeur? Et remerciant son père, qu'elle vertu eût-elle pratiquée, sinon celle de la gratitude? N'a-t-elle pas donc mieux fait de s'occuper toute ès démonstrations de son amour filial, infiniment plus agréable au père que toute autre vertu? Mes yeux sont toujours au Seigneur, car il désengagera mes pieds des filets et des pièges. Es-tu tombé dans les filets des adversités; eh ! ne regarde pas ton aventure, ni les pièges esquels tu es pris regarde Dieu, et le laisse faire, il aura soin de toi. Jette ta pensée sur lui, et il te nourrira. Pourquoi te mêles-tu de vouloir ou ne vouloir pas les événements et accidents du monde, puisque tu ne sais pas ce que tu dois vouloir, et que Dieu voudra toujours assez pour toi tout ce que tu pourras vouloir sans que tu t'en mettes en peine? Attends donc en repos d'esprit les effets du bon plaisir divin, et que son vouloir te suffise, puisqu'il est toujours très bon; car ainsi ordonna-t-il à sa bien-aimée sainte Catherine de Sienne : Pense en moi, lui dit-il, et je penserai pour toi. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 30 Nov - 9:04 | |
| CHAPITRE XV Du plus excellent exercice que nous puissions faire parmi les peines intérieures et extérieures de cette vie, en suite de l'ndifférence et trépas de la volonté.J'aurais tort de vouloir quelque chose, car il voudra assez tout ce qui me sera profitable. Seulement donc j'attendrai qu'il veuille ce qu'il jugera expédient, et ne m'amuserai quà le regarder quand il sera près de moi, à lui témoigner mon amour filial, et lui faire connaître ma confiance parfaite. Et sur ces paroles, elle s'endormit, tandis que son père, jugeant à propos de la saigner, disposa ce qui était requis, et venant à elle, ainsi qu'elle se réveilla, après l'avoir interrogée comme elle se trouvait de son sommeil, il lui demanda si elle ne voulait pas bien être saignée pour guérir. Mon père, répondit-elle, je suis vôtre : je ne sais ce que je dois vouloir pour guérir, c'est à vous de vouloir et faire pour moi tout ce qui vous semblera bon; car, quant à moi, il me suffit de vous aimer et honorer de tout mon coeur, comme je fais. Voilà donc qu'on lui bande le bras, et que le père même porte la lancette sur la veine mais tandis qu'il donne Je coup et que le sang en sort, jamais cette aimable fille ne regarda son bras piqué, ni son sang sortir de la veine; ains tenant les yeux arrêtés sur le visage de son père, elle ne disait autre chose, sinon parfois tout doucement Mon père m'aime bien, et moi je suis toute sienne; et quand tout fut fait, elle ne le remercia point, mais seulement répéta encore une fois les mêmes paroles de son affection et confiance filiale. Or, dites-moi. maintenant, mon ami Théotime, cette fille ne témoigna-t-elle pas un amour plus attentif et plus solide envers son père, que si elle eût eu beaucoup de soin de lui demander des remèdes à son mal, de regarder comme on lui ouvrait la veine, ou comme le sang coulait, de lui dire beaucoup de paroles de remerciement ? Il n'y a certes doute quelconque en cela car si elle eût pensé à soi, qu'eût-elle gagné, sinon d'avoir souci inutile, puisque son père en avait assez pour elle ? Regardant son bras, qu'eût-elle fait, sinon recevoir de la frayeur ? Et remerciant son père, qu'elle vertu eût-elle pratiquée, sinon celle de la gratitude? N'a-t-elle pas donc mieux fait de s'occuper toute ès démonstrations de son amour filial, infiniment plus agréable au père que toute autre vertu? Mes yeux sont toujours au Seigneur, car il désengagera mes pieds des filets et des pièges. Es-tu tombé dans les filets des adversités; eh ! ne regarde pas ton aventure, ni les pièges esquels tu es pris regarde Dieu, et le laisse faire, il aura soin de toi. Jette ta pensée sur lui, et il te nourrira. Pourquoi te mêles-tu de vouloir ou ne vouloir pas les événements et accidents du monde, puisque tu ne sais pas ce que tu dois vouloir, et que Dieu voudra toujours assez pour toi tout ce que tu pourras vouloir sans que tu ten mettes en peine ? Attends donc en repos desprit les effets du bon plaisir divin, et que son vouloir te suffise, puisquil est toujours très bon; car ainsi ordonna-t-il à sa bien-aimée sainte Catherine de Sienne : Pense en moi, lui dit-il, et je penserai pour toi. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 30 Nov - 21:37 | |
| CHAPITRE XV Du plus excellent exercice que nous puissions faire parmi les peines intérieures et extérieures de cette vie, en suite de l'ndifférence et trépas de la volontéIl est fort malaisé de bien exprimer cette extrême indifférence de la volonté humaine, qui est ainsi réduite et trépassée eu la volonté de Dieu; car il ne faut pas dire, ce me semble, qu'elle acquiesce à celle de Dieu, puisque l'acquiescement est un acte de l'âme qui déclare son consentement. Il ne faut pas dire non plus qu'elle accepte ni qu'elle reçoit, d'autant qu'accepter et recevoir sont certaines actions qu'on peut, en certaine façon, appeler actions passives, par lesquelles nous embrassons et prenons ce qui nous arrive. Il ne faut pas dire aussi qu'elle permet, d'autant que la permission est une action de la volonté, et par conséquent un certain vouloir oisif qui ne veut voirement rien faire, mais veut pourtant laisser faire. Il me semble donc plutôt que l'âme qui est en cette indifférence, et qui ne vent rien, aine laisse vouloir à Dieu ce qui lui plaira, doit être dite avoir sa volonté en une simple et générale attente, d'autant qu'attendre ce n'est pas faire ou agir, ains demeurer exposé à quelque événement. Et si vous y prenez garde, l'attente de l'âme est vraiment volontaire : et toutefois ce n'est pas une action, mais une simple disposition à recevoir ce qui arrivera et lorsque les événements sont arrivés et reçus, l'attente se convertit en consentement ou acquiescement; mais avant la venue d'iceux, en vérité l'âme est en une simple attente, indifférente à tout ce qu'il plaira à la volonté divine d'ordonner. Notre Sauveur exprime ainsi l'extrême soumission de la volonté humaine à celle de son Père éternel : Le Seigneur Dieu, dit-il, a ouvert mon oreille, c'est-à-dire m'a annoncé son bon plaisir touchant la multitude des travaux que je dois souffrir; et moi, dit-il par après, je ne contredis point, je ne me retire point en arrière. Qu'est-ce à dire je ne contredis point, je ne me retire point en arrière? sinon: Ma volonté est une simple attente, et demeure disposée à tout ce que celle de Dieu ordonnera; ensuite de quoi je baille et abandonne mon corps à la merci de ceux qui le battront, et mes joues à ceux qui les pelleront (Le texte latin dit: vellentibus, ceux qui enlèvent le poil.), préparé à tout ce qu'ils voudront faire de moi. Mais voyez, je vous prie, Théotime, que tout ainsi que notre Sauveur, après l'oraison de résignation qu'il fit au jardin des Olives, et sa prise, se laissa manier et mener au gré de cieux qui le crucifièrent, avec un abandonnement admirable de son corps et de sa vie entre leurs mains, aussi mit-il son âme et sa volonté, par une indifférence très parfaite, ès mains de son Père éternel. Car bien qu'il dit : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ce fut pour nous faire savoir les véritables amertumes et peines de son âme, et non pour contrevenir à la très sainte indifférence en laquelle il était, ainsi qu'il montra bientôt après, concluant toute sa vie et sa passion par ces incomparables paroles : Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 2 Déc - 8:39 | |
| CHAPITRE XVI Du dépouillement parfait de l'âme unie à la volonté de Dieu.Représentons-nous le doux Jésus, Théotime, chez Pilate, où, pour l'amour de nous, les gens d'armes, ministres de la mort, le dévêtirent de ses habits l'un après l'autre; et non contents de cela, lui ôtèrent encore sa peau, la déchirant à coups de verges et de fouets: comme par après son âme fut dépouillée de son corps, et le corps de sa vie, par la mort qu'il souffrit en la croix; mais trois jours passés, par sa très sainte résurrection, l'âme se revêtit de son corps glorieux, et le corps de sa peau immortelle, et s'habilla de vêtements différents, ou en pèlerin, ou en jardinier, ou d'autre sorte, selon que le salut des hommes et la gloire de son Père le requéraient.. L'amour fit tout cela, Théotime; et c'est l'amour aussi qui entrant en une âme afin de la faire heureusement mourir à soi et revivre à Dieu, la fait dépouiller de tous les désirs humains et de l'estime de soi-même, qui n'est pas moins attachée à l'esprit que la peau à la chair, et la dénue (la dépouille) enfin des affections plus aimables : comme sont celles qu'elle avait aux consolations spirituelles, aux exercices de piété et à la perfection des vertus, qui semblaient être la propre vie de l'âme dévote. Alors, Théotime, l'âme a raison de s'écrier : J'ai ôté mes habits, comme m'en revêtirai-je? J'ai lavé mes pieds de toute sorte d'affections, comme tes souillerais-je derechef? Nue je suis sortie de la main de Dieu, et nue j'y retournerai. Le Seigneur m'avait donné beaucoup de désirs, le Seigneur me les a ôtés, que son saint nom soit béni. Oui, Théotime, le même Seigneur qui nous fait désirer les vertus en notre commencement, et qui nous les fait pratiquer eu toutes occurrences, c'est lui-même qui nous ôte l'affection des vertus et de tous les exercices spirituels, afin qu'avec plus de tranquillité, de pureté et de simplicité, nous n'affectionnions rien que le bon plaisir de sa divine majesté. Car, comme la belle et sage Judith avait voirement dans ses cabinets (certainement dans ces armoires) ses beaux habits de fête, et néanmoins ne les affectionnait point, ni ne s'en para jamais en sa viduité, sinon quand inspirée de Dieu elle alla ruiner Holopherne; ainsi, quoique nous ayons appris la pratique des vertus et les exercices de dévotion, si est-ce que nous ne les devons point affectionner, ni en revêtir notre coeur, sinon à mesure que nous savons que c'est le bon plaisir de Dieu. Et comme Judith demeura toujours en habits de deuil, sinon en cette occasion en laquelle Dieu voulut qu'elle se mit en pompe, aussi devons-nous paisiblement demeurer revêtus de notre misère et abjection parmi nos imperfections et faiblesses, jusqu'à ce que Dieu nous exalte à la pratique des excellentes actions.On ne peut longuement demeurer en cette privation, dépouillé de toute sorte d'affections. C'est pourquoi, selon l'avis du saint Apôtre, après que nous avons ôté les vêtements du vieil Adam, il se faut revêtir des habits du nouvel homme, c'est-à-dire, de Jésus-Christ; car ayant tout renoncé (ayant renoncé à tout), voire même les affections des vertus, pour ne vouloir ni de celles-là, ni d'autres quelconques, qu'autant que le bon plaisir divin portera, il nous faut revêtir derechef de plusieurs affections, et peut-être des mêmes que nous avons renoncées et résignées; mais il s'en faut derechef revêtir, non plus parce qu'elles nous sont agréables, utiles, honorables, et propres à contenter l'amour que nous avons pour nous-mêmes, ains parce qu'elles sont agréables à Dieu, utiles à son honneur, et destinées à sa gloire. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 3 Déc - 8:21 | |
| CHAPITRE XVI Du dépouillement parfait de l'âme unie à la volonté de Dieu.Eliézer portait des pendants doreilles, des bracelets et des vêtements neufs pour la fille que Dieu avait préparée au fils de son maître; et par effet il les donna à la vierge Rebecca, sitôt qu'il connut qu'elle était celle-là. Il faut des habits neufs à l'épouse du Sauveur. Si pour l'amour de lui elle s'est dépouillée de l'affection ancienne qu'elle avait à ses parents, au pays, à la maison, aux amis, il faut qu'elle en prenne une toute nouvelle, affectionnant tout cela en son rang, non plus selon les considérations humaines, mais parce que l'époux céleste le veut, le commande et l'entend, et qu'il a mis un tel ordre en la charité. Si on s'est dénué de la vieille affection aux consolations spirituelles, aux exercices de la dévotion, à la pratique des vertus, voire même à notre propre avancement en la perfection, il se faut revêtir d'une autre affection toute nouvelle, aimant toutes ces grâces et faveurs célestes, non plus parce qu'elles perfectionnent et ornent notre esprit, mais parce que le nom de notre Seigneur en est sanctifié, que son royaume en est enrichi, et son bon plaisir glorifié. Ainsi saint Pierre s'habille dans la prison, non par son élection, mais à mesure que l'ange le lui commande. Il met sa teinture, puis ses sandales, puis ses autres vêtements. Et le glorieux saint Paul, dépouillé en un moment de toutes affections, Seigneur, dit-il, que voulez-vous que je fasse ? c'est-à-dire, que vous plait-il que j'affectionne, puisque me jetant à terre vous avez fait mourir ma volonté propre? Eh! Seigneur, mettez votre bon plaisir en sa place, et m'enseignez de faire votre volonté; car vous êtes mon Dieu. Théotime, quiconque a tout quitté pour Dieu, ne doit rien reprendre que comme Dieu le veut; il ne nourrit plus son corps, sinon comme Dieu l'ordonne, afin qu'il serve à l'esprit; il n'étudie plus que pour servir le prochain et sa propre âme, selon l'intention divine; il pratique les vertus, non selon qu'elles sont plus à son gré, mais selon que Dieu le désire. Dieu commanda au prophète Isaïe de se dépouiller, et il le fit; marchant et prêchant en cette sorte, ou trois jours entiers, comme quelques-uns disent, ou trois ans, comme les autres pensent: puis il reprit ses habits quand le terme que Dieu lui avait préfigé (fixé d'avance) fut passé. Ainsi se faut-il dénuer de toutes affections, petites et grandes, et faut souvent examiner notre coeur pour voir s'il est bien prêt à se dévêtir, comme fit Isaïe, de tous ses habits; puis reprendre aussi, quand il est temps, les affections convenables du service de la charité, afin de mourir en croix nus avec notre divin Sauveur, et ressusciter par après en un nouvel homme avec lui. L'amour est fort comme la mort, pour nous faire tout quitter : il est magnifique comme la résurrection, pour nous parer de gloire et d'honneur. FIN DU LIVRE NEUVIÈMESource : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6698 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 4 Déc - 8:25 | |
| LIVRE DIXIÈME DU COMMANDEMENT D'AIMER DIEU SUR TOUTES CHOSES.
CHAPITRE PREMIER De la douleur du commandement que Dieu nous a fait de l'aimer sur toutes choses.L'homme est la perfection de l'univers, l'esprit est la perfection de l'homme; l'amour, celle de l'esprit; et la charité, celle de l'amour. C'est pourquoi l'amour de Dieu est la fin, la perfection et l'excellence de l'univers. En cela, Théotime, consiste la grandeur et primauté du commandement de l'amour divin que le Sauveur nomme le premier et le très grand commandement. Ce commandement est comme un soleil qui donne le lustre et la dignité à toutes les lois sacrées, à toutes les ordonnances divines, et à toutes les saintes Écritures. Tout est fait pour ce céleste amour, et tout se rapporte à icelui. De l'arbre sacré de ce commandement dépendent tous les conseils, exhortations, inspirations et tes autres commandements, comme ses fleurs; et la vie éternelle, comme son fruit: et tout ce qui ne tend point à l'amour éternel, tend à la mort éternelle. Grand commandement duquel la parfaite pratique dure en la vie éternelle, ains n'est autre chose que la vie éternelle. Mais voyez, Théotime, combien cette loi d'amour est aimable. Eh! Seigneur Dieu, ne suffisait-il pas qu'il vous plût de nous permettre ce divin amour, comme Laban permit celui de Rachel à Jacob, sans qu'il vous plût encore de nous y semondre (exciter) par exhortations, de nous y pousser par vos commandements? Mais non, bonté divine; afin que ni votre grandeur, ni notre bassesse, ni prétexte quelconque ne nous retardât de vous aimer, vous nous le commandez. Le pauvre Appelles ne se pouvant garder d'aimer, n'osait toutefois aimer la belle Compaspé, parce qu'elle appartenait au grand Alexandre. Mais quand il eut congé de l'aimer, combien s'en estima-t-il obligé à celui qui le lui permettait! Il ne savait s'il devait plus aimer ou cette belle Compaspé qu'un si grand empereur lui avait quittée, ou ce grand empereur qui lui avait quitté une si belle Compaspé. O vrai Dieu! si nous le savions entendre, mon cher Théotime, quelle obligation aurions-nous à ce souverain bien, gai non seulement nous permet, mais nous commande de l'aimer ! Hélas, ô Dieu! je ne sais pas si je dois plus aimer votre infinie beauté qu'une si divine bonté m'ordonne d'aimer, ou votre divine bonté qui m'ordonne d'aimer une si très infinie beauté. O beauté, combien êtes-vous aimable, m'étant octroyée par une si immense bonté! O bonté, que vous êtes aimable de me communiquer une si éminente beauté! Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 4 Déc - 22:40 | |
| LIVRE DIXIÈME DU COMMANDEMENT D'AIMER DIEU SUR TOUTES CHOSES.
CHAPITRE PREMIER De la douleur du commandement que Dieu nous a fait de l'aimer sur toutes choses.Dieu, au jour du jugement, imprimera ès esprits des damnés l'appréhension de la perte qu'ils feront, en une façon admirable; car la divine majesté leur fera clairement voir la souveraine beauté de sa face et les trésors de sa bonté; et, à la vue de cet abîme infini de délices, la volonté, par un effort extrême, se voudra lancer sur icelui, pour s'unir à lui et jouir de son amour; mais ce sera pour néant (pour rien, en vain), d'autant qu'elle sera comme une femme qui, entre les douleurs de l'enfantement, après avoir enduré des violentes tranchées, des convulsions cruelles et des détresses insupportables, meurt enfin sans pouvoir enfanter; car à mesure que la claire et belle connaissance de la divine beauté aura pénétré les entendements de ces esprits infortunés, la divine justice ôtera tellement la force à la volonté, qu'elle ne pourra nullement aimer cet objet que l'entendement lui proposera et représentera être tant aimable; et cette vue, qui devrait engendrer un si grand amour en la volonté, en lieu de cela, y fera naître une tristesse infinie, laquelle sera rendue éternelle par la souvenance, qui demeurera à jamais en ces âmes perdues, de la souveraine beauté qu'elles auront vue, souvenance stérile de tout bien, ains fertile de travaux (mais féconde en travaux), de peines, de tourments et de désespoirs immortels; d'autant qu'en la volonté se trouvera tout en ensemble une impossibilité, ains une effroyable et éternelle aversion et répugnance d'aimer cette tant désirable excellence ; si que les misérables damnés demeureront à jamais en une rage désespérée de savoir une perfection si souverainement aimable, sans en pouvoir jamais avoir ni la jouissance ni l'amour; parce que, tandis qu'ils l'ont pu aimer, ils ne l'ont pas voulu. Ils brûleront d'une soif d'autant plus violente, que le souvenir de cette source des eaux de la vie éternelle aiguisera leurs ardeurs; ils mourront immortellement, comme des chiens, d'une faim d'autant plus véhémente, que leur mémoire en affinera (aiguisera) l'insatiable cruauté par le souvenir du festin duquel ils auront été privés. Car alors, frémissant de rage, le pervers tout sec deviendra: mais, quoi que brasse (quelque projet, quelque désir que forme le méchant) en son courage le méchant, tout lui défaudra. Certes, je ne voudrais pas assurer une cette vue de la beauté de Dieu que les malheureux auront, comme en éloïse (éclair, clarté), et à guise d'un éclair, doive être de même clarté que celle des bienheureux mais elle sera pourtant si claire, qu'ils verrons te Fils de lhomme en sa majesté, ils verront celui qu'ils ont percé, et, par la vue de cette gloire, connaîtront la grandeur de leur perte. Si Dieu avait défendu à l'homme de l'aimer, que de regrets ès âmes généreuses! Que ne feraient-elles pas pour en obtenir la permission! David entra au hasard d'un combat extrêmement rude pour avoir la fille du roi. Et qu'est-ce que ne fit pas Jacob pour pouvoir épouser Rachel, et le prince Sichem pour avoir Dma en mariage? Les damnés s'estimeraient bienheureux, s'ils pensaient de pouvoir quelquefois aimer Dieu; et les bienheureux s'estimeraient damnés, s'ils croyaient de pouvoir être une fois privés de cet amour sacré. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Aujourd'hui à 0:09 | |
| LIVRE DIXIÈME DU COMMANDEMENT D'AIMER DIEU SUR TOUTES CHOSES.CHAPITRE PREMIER De la douleur du commandement que Dieu nous a fait de l'aimer sur toutes choses.Eh! vrai Dieu! combien est désirable la suavité de ce commandement, Théotime, puisque si la divine volonté le faisait aux damnés, ils seraient en un moment délivrés de leur plus grand malheur, et que les bienheureux ne sont bienheureux que par la pratique d'icelui! O amour céleste, que vous êtes aimable à nos âmes! et que bénie soit à jamais la bonté laquelle nous commande avec tant de soin qu'on l'aime, quoique son amour soit si désirable et nécessaire à notre bonheur, que sans icelui nous ne puissions être que malheureux. CHAPITRE II Que ce divin commandement de l'amour tend au ciel mais est toutefois donné aux fidèles de ce monde.Si aucune loi n'est imposée au juste, parce que, prévenant la loi, et sans avoir besoin d'être sollicité par icelle, il fait la volonté de Dieu par l'instinct de la charité qui règne en son âme, combien devons-nous estimer les bienheureux du paradis, libres et exempts de toute sorte de commandements, puisque de la jouissance en laquelle ils sont de la souveraine beauté et bonté du bien-aimé, coule et procède une douce mais inévitable nécessité en leurs esprits d'aimer éternellement la très sainte Divinité! Nous aimerons Dieu au ciel, Théotime, non comme liés et obligés par la loi, mais comme attirés et ravis par la joie que cet objet si parfaitement aimable donnera à nos coeurs. Alors la force du commandement cessera pour faire place à la force du contentement, qui sera le fruit et le comble de l'observation du commandement. Nous sommes donc destinés au contentement qui nous est promis en la vie immortelle par ce commandement qui nous est fait en cette vie mortelle, en laquelle nous sommes, à la vérité, obligés de l'observer très étroitement, puisque c'est la loi fondamentale que le roi Jésus a donnée aux citoyens de la Jérusalem militante pour leur faire mériter la bourgeoisie (droit de cité) et la joie de la Jérusalem triomphante. Certes, là-haut au ciel nous aurons un coeur tout libre de passions, une âme tout épurée de distractions, un esprit affranchi de contradictions, et des forces exemptes de répugnances; et partant nous y aimerons Dieu par une perpétuelle et non jamais interrompue dilection, ainsi qu'il est dit de ces quatre animaux sacrés, qui, représentant les évangélistes, sans cesser ni jour ni nuit, louaient continuellement la Divinité. O Dieu! quelle joie, quand établis en ces éternels tabernacles, nos esprits seront en ce mouvement perpétuel, emmi lequel ils auront le repos tant désiré de leur éternelle dilection! Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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